Chronique d’hiver : que fait l’apiculteur quand les abeilles se reposent
- lbelleperat
- 25 oct.
- 3 min de lecture

Novembre – le temps du silence et du carnet de notes
Quand les butineuses se sont repliées et que la ruche ronronne doucement sous sa grappe, c’est à nous, apiculteurs, de changer de rythme. L’hiver commence souvent par une tournée discrète : on écoute au stéthoscope, on tapote doucement sur les parois, juste pour sentir la vibration du cœur de la colonie. Pas question d’ouvrir, évidemment — à cette saison, un simple coup d’air froid peut tout dérégler. C’est le moment de prendre des notes : poids des ruches, comportement, position du trou de vol, traces d’humidité… tout cela dit beaucoup sur la vitalité de la colonie.
Décembre – l’apiculteur devient bricoleur et lutte raisonnée contre Varroa
Quand la nature s’endort, l’apiculteur sort sa caisse à outils. On répare les cadres, on fond la cire récupérée et on prépare les nouvelles cires gauffrées, on désinfecte et on repeint les hausses et les plateaux stockés. C’est aussi le moment de trier le matériel, d’aiguiser les lève-cadres. Certains en profitent pour construire des ruches supplémentaires ou tester de nouvelles méthodes d’isolation. Bref, on s’occupe comme des fourmis en attendant le redémarrage des colonies.
Et dans les ruches justement, si la météo le permet, juste avant Noël on peut pratiquer un traitement anti-varroa par dégouttement à l’acide oxalique sur colonie sans couvain, un geste souvent décisif pour la santé du printemps. Et si à l'occasion de cette visite on constate que les résèrves sont faibles, on peut alors donner à la colonie un pain de candi.
Janvier – surveillance silencieuse
Le froid mord encore, mais sous le bois, la vie persiste. Janvier, c’est le mois du contrôle discret : on vérifie les planchers (pas d’humidité excessive, pas de cadavres en masse), on pèse à nouveau les ruches pour s’assurer que les réserves tiennent le coup. Pas de panique, pas de précipitation : en hiver, chaque geste doit être mesuré, car la ruche est un organisme fragile.

Février – le réveil doux des colonies
Les jours rallongent, les châtons de noisetier pointent leur nez, et les abeilles commencent à s’agiter. C’est souvent le moment où la reine reprend sa ponte. L’apiculteur doit alors redoubler de vigilance : la consommation de miel augmente brusquement. On repèse, on observe les trous de vol, on guette les sorties de propreté. En cas de doute, on peut proposer un pain de candi, protéiné si besoin, placé juste au-dessus des têtes de cadres pour éviter la famine de fin d’hiver – la plus cruelle de toutes, car elle frappe juste avant le renouveau.
La période d’hiver, c’est l’école du calme
Tout semble figé, et pourtant, tout se prépare. Un bon apiculteur d’hiver, c’est un printemps sans surprise. L’apiculteur apprend à faire confiance à la ruche, à lui donner toutes ses chances sans vouloir “aider” à tout prix.
On observe les mésanges picorer les cadavres d’abeilles mortes naturellement, on écoute le vent qui passe dans les haies, on nettoie le terrain du rucher, on rêve déjà des floraisons de mars. C’est le moment d’étudier, de relire ses carnets, de planifier la saison qui vient.
Mars approche, et le cœur recommence à battre
Quand les premiers pollens reviennent abondamment, la ruche se remet en marche, et l’apiculteur aussi. Mais tout ce qui se joue en mars dépend de ce qu’on a fait (ou pas fait) entre novembre et février.
Encore une fois, un bon apiculteur d’hiver, c’est un printemps sans surprise.

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