Que font les abeilles en hiver ?
- lbelleperat
- 25 oct.
- 3 min de lecture
Pendant qu’on se plaint du froid, les abeilles, elles, gèrent un chauffage collectif, une organisation sociale millimétrée et un régime énergétique digne d’un marathonien. L’hiver, dans la ruche, ce n’est pas le sommeil, c’est la vie au ralenti, mais parfaitement orchestrée.

C'est à partir de fin octobre que se prépare l'hivernage
Dès novembre, la ruche entre en mode “slow life”. Fini les allers-retours frénétiques vers les fleurs, les abeilles cessent de butiner parce qu’il n’y a tout simplement plus de nectar à récolter. La colonie réduit ses effectifs : les abeilles d’été, épuisées, tirent leur révérence, tandis que les abeilles d’hiver, plus costaudes et économes, prennent le relais. Ces dernières ont une mission capitale : tenir la maison au chaud jusqu’au retour du printemps.
Les abeilles ne dorment pas, elles se serrent les coudes (et les ailes)
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les abeilles ne font pas de “sieste hivernale”. Pas d’hibernation, mais un rassemblement compact appelé “grappe d’hiver”. Imagine un ballon vivant de 20 000 à 30 000 abeilles qui frissonnent volontairement pour produire de la chaleur. Le centre de la grappe reste à environ 35 °C, même quand dehors il gèle à –10 °C. Autour, les abeilles tournent lentement comme une farandole, pour que chacune profite tour à tour de la chaleur du cœur de la ruche.
La reine, au centre de ce petit monde, littéralement
Bien au chaud au cœur de la grappe, la Reine est l’invitée VIP. Les ouvrières la maintiennent à température constante et la nourrissent directement. En hiver, elle réduit fortement sa ponte, parfois jusqu’à zéro. C’est une sorte de “pause royale” avant le grand redémarrage de février. Sans cette économie d’énergie, la colonie n’aurait pas assez de réserves pour tenir tout l’hiver.
Le miel, combustible de leur chauffage central
Pas de chauffage électrique chez nos apidés : leur énergie vient du miel. En consommant ce carburant sucré, les abeilles activent leurs muscles thoraciques pour produire de la chaleur (sans battre des ailes, attention, sinon elles se refroidiraient). C’est un ballet métabolique d’une précision incroyable : elles ajustent leur fréquence de vibration selon la température et les réserves disponibles. Ainsi, pour les apiculteurs il est essentiel de vérifier fin octobre que les provisions de miel (quelques cadres de corps) seront suffisantes pour passer l’hiver – sinon, la grappe gèlera ou s’affamera.
Une vie au ralenti, mais pas un repos complet
De novembre à février, la ruche est calme, mais pas silencieuse. Des abeilles “sentinelles” surveillent l’entrée, d’autres ventilent légèrement l’intérieur pour éviter l’humidité. Quand il fait un peu doux (10–12 °C), les ouvrières sortent quelques minutes faire leurs “vols de propreté” — autrement dit, aller aux toilettes dehors pour garder la ruche impeccable. Oui, l’hygiène, même en hiver, c’est sacré.
Février : le retour à la 'vie active'
Vers février, les jours rallongent. La reine reprend sa ponte dès lors que les premières pollinées (productions de pollen par les fleurs de printemps - noisetier, saule, perce-neige) apparaissent et la colonie redémarre à plein régime. C’est le signal du renouveau, mais aussi une période critique : si les réserves fondent trop vite, ou que le mauvais temps empèche les abeilles de trouver du pollen en quantité et en qualité, la colonie peut tout simplement mourir de faim juste avant le printemps… une tragédie que tout apiculteur redoute. C'est pourquoi la sortie de l'hiver avec le suivi du démarrage de la colonie en février-mars est aussi importante que la mise en hivernage de septembre-octobre.

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